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L'avenir de la langue française
En 2000-2001, des études effectuées par la Commission des affaires culturelles du gouvernement français démontraient que les vrais bilingues arabe-français représentaient 28,5 e la population, alors que les bilingues arabe-anglais étaient au nombre de 14 Par ailleurs, 73 es bilingues arabe-français connaissaient également l’anglais : un trilinguisme qui situait et situe encore l’arabe comme langue de la communication sociale, l’anglais comme celle des affaires et des sciences et le français comme langue de la culture.
En 2006, si le français reste répandu dans les familles chrétiennes et dans les couches aisées libanaises, la majorité des musulmans a plutôt tendance à être anglophone, car l’apprentissage du français est en passe d'être supplanté par l'enseignement de l'anglais, même si des réseaux de l'enseignement privé persistent à le maintenir.
Mais en Europe aussi, la langue française est menacée !
Jusqu’ici le Parlement Européen reconnaissait à chacun de ses membres le droit de parler et d’écrire dans sa propre langue, mais l’arrivée de nouveaux pays membres a soulevé le problème du coût exorbitant des frais d’interprétariat ; trois propositions réductrices, dont celle de l’utilisation unique de l’anglais, ont enflammé les esprits notamment chez les ministres allemands et français.
Un fait nouveau tout aussi inquiétant est l’amendement (en voie de délibération à l‘Assemblée Nationale) à la loi de programme pour la recherche qui imposerait l’anglais comme langue des brevets d’invention. La réalisation de ce programme est déjà fortement avancée dans les sciences, où les nomenclatures (y compris celles de la botanique, jusqu’ici latines) deviennent anglaises, accroissant la suprématie des chercheurs anglophones aux dépens de tous les autres.
Citons d’autres exemples alarmants : Josep Borrell, Président du Parlement européen, qui en ………lors de la session de l'assemblée parlementaire Euro-Méditerranée au Maroc, a omis de prévoir la traduction des documents rédigés en anglais ; Didier Lombard, Président de France Télécom qui a inauguré en 2005 "la mise en place de services et produits aux dénominations anglaises ("Business Talk", "Live-Zoom", "Family Talk"...) ; Yves Daudigny, président du Conseil Général de l'Aisne qui a mené une campagne publicitaire en anglais "L'Aisne, it's Open!" ; la société General Motors Medical Systems, dont logiciels informatiques, documents relatifs à la formation du personnel, à l'hygiène et à la sécurité et tout autre document relatif aux produits de la société sont exclusivement rédigés en anglais ;
Air France, qui avait donné l‘ordre, à ses pilotes et contrôleurs, de n’utiliser que la langue anglaise pour leurs échanges radio, dans le seul but, selon elle, d'augmenter la sécurité des vols !
Mais comment demander à nos partenaires d'utiliser notre langue si nos dirigeants ont déjà renoncé à s’en servir ?
Tels nos hauts fonctionnaires et représentants français au sein de l’Union Européenne, utilisant comme base de travail des documents (fournis par les institutions de Bruxelle) exclusivement rédigés en anglais et s'interdisant de les traduire en version française ; tel, Jean-Claude Trichet, Président de la Banque centrale Européenne, n'hésitant pas à s'exprimer en anglais devant le Parlement européen ; tel ministre de l'Education, alors président du Conseil des programmes, liquidant la réforme de l'enseignement du français qu'il avait conçue ; tels patrons de grandes entreprises françaises tenant des réunions en anglais avec leurs cadres français ; tels scientifiques français rédigeant leurs rapports en anglais ; tels publicitaires ne concevant pas d'énoncer leurs slogans autrement qu'en «globish» !
On est loin de la loi Toubon, votée le 4 août 1994 ! Loi exigeant que tous les documents utiles à l'information et à la bonne exécution du travail soient rédigés ou traduits en français !
Même si dans le tiercé des langues européennes, le français se situe en seconde place après l’anglais et avant l’allemand, la promotion de la langue française sur la scène internationale doit être un impératif pour les années à venir et une alternative à la toute-puissante langue anglaise, car il est notre bien commun, le lien de la cohésion sociale, le rempart contre les tendances communautaristes, notre identité, notre indépendance et il contribue au rayonnement et au prestige de la France.
Dans cet perspective, l’Organisation Internationale de la Francophonie a récemment redéfinie sa politique de reconquête du français dans les pays partenaires de l’Union Européenne, en Amérique latine et dans le monde arabe (pari difficile avec la montée des islamo-conservateurs auxquels le président algérien Bouteflika vient de donner des gages en fermant les écoles francophones !).
Parallèlement, nous assistons à une mutation dans certaines grandes entreprises :
Ainsi, Renault, après avoir choisi l'anglais comme véhicule de communication dans son alliance avec Nissan, épouse depuis 2001 un total revirement. En créant sa propre fondation, organisme chargé de promouvoir la langue française dans les pays où le constructeur est implanté, Renault forme les étudiants étrangers à la langue et à la culture française ; Axa Assistance met en place une " commission de terminologie " destinée à préserver la communication interne de l'entreprise face aux influences anglo-saxonnes. Une démarche dont Maxime Amiot rappelle qu'elle a déjà été mis en place bien avant par Peugeot.
Pour Axel MAUGEY, Professeur de civilisation française à l'université McGill de Montréal, lauréat des Palmes de la Francophonie » en 1993, « Il manquerait quelque chose de « vital » sur cette planète si le monde francophone n'existait pas, tant cette alliance en devenir s'affirme comme une impérieuse leçon de dignité, d'existence et d'échange ».
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